Il n’est pas toujours facile de s’y retrouver entre kVA, kW, kWh, volt ou ampère. Ces unités reviennent partout : sur les factures d’électricité, les compteurs Linky ou encore les caractéristiques des appareils électriques. Pourtant, chacune a un sens précis et un rôle bien défini.
Comprendre leurs différences, c’est mieux lire sa consommation, choisir la bonne puissance de compteur et éviter les coupures liées à une sous-dimension du contrat.
Dans ce guide, nous allons :
- expliquer simplement la signification de chaque unité ;
- montrer comment elles s’articulent entre elles ;
- présenter les formules de conversion et leurs limites ;
- donner des exemples concrets (6 kVA, 9 kVA, 12 kVA…) ;
- et proposer des repères pratiques pour dimensionner correctement votre installation.
Comprendre les unités : le socle
Avant d’entrer dans les formules, il faut revenir aux bases : que mesure réellement chaque unité ?
Toutes appartiennent au Système international d’unités (SI), le langage universel de la physique adopté dans le monde entier.
kW (kilowatt) : la puissance active
Le kilowatt (kW) mesure la puissance active, c’est-à-dire l’énergie réellement transformée en travail utile : faire tourner un moteur, chauffer une résistance ou alimenter une lampe.
1 kW équivaut à 1 000 W (watts).
On parle de puissance “instantanée” : un radiateur de 2 kW consomme 2 000 W à chaque seconde de fonctionnement. C’est la base pour calculer ensuite l’énergie consommée sur la durée.
kWh (kilowattheure) : l’énergie consommée
Le kilowattheure (kWh) correspond à la quantité d’énergie consommée dans le temps.
C’est cette unité qui figure sur les factures d’électricité.
Formule simple :
Énergie (kWh) = Puissance (kW) × Durée (heures)
Exemple : un radiateur de 2 kW allumé pendant 3 heures consomme
2 kW × 3 h = 6 kWh.
👉 C’est donc le produit de la puissance et du temps, pas une mesure instantanée.
1 kWh équivaut à 3,6 millions de joules selon le Bureau international des poids et mesures (BIPM).
kVA (kilovoltampère) : la puissance apparente
Le kilovoltampère (kVA) exprime la puissance totale appelée par un appareil ou une installation, qu’elle soit réellement utilisée ou non.
On parle de puissance apparente : elle englobe la puissance active (utile) et la puissance réactive (perdue).
Formule :
kW = kVA × cos φ
où cos φ (ou facteur de puissance, PF) indique la proportion de puissance utile.
- Si cos φ = 1 → kW = kVA (cas idéal, charge purement résistive).
- Si cos φ = 0,8 → 1 kVA ne “fournit” que 0,8 kW utile.
C’est pourquoi un moteur électrique de 10 kW peut nécessiter 12,5 kVA de puissance apparente.
Le compteur Linky ou les compteurs pro Enedis mesurent justement cette puissance apparente pour détecter les dépassements de puissance souscrite.
Volt (V) et Ampère (A) : tension et intensité
Ces deux unités sont indissociables :
- Le Volt (V) mesure la tension, c’est-à-dire la “pression” électrique entre deux points.
En France, la tension nominale est 230 V en monophasé et 400 V entre phases en triphasé (norme IEC 60038). - L’Ampère (A) mesure l’intensité du courant, soit le débit d’électrons qui circule dans le circuit.
Le lien entre les deux est donné par la loi d’Ohm et la puissance apparente :
S (en VA) = U (en V) × I (en A)
ou
kVA = (U × I) / 1 000
Ainsi, un appareil monophasé de 230 V consommant 10 A appelle :
230 × 10 / 1 000 = 2,3 kVA.
Les formules clés à connaître
Comprendre la signification des unités est une première étape. Mais pour vraiment savoir les relier entre elles, il faut passer par quelques formules simples — pas de panique, elles se retiennent très vite.
kW = kVA × Facteur de puissance (cos φ)
C’est la formule la plus importante de tout le sujet.
- kW (kilowatt) : puissance réellement utilisée, dite active.
- kVA (kilovoltampère) : puissance totale appelée, dite apparente.
- cos φ (facteur de puissance ou PF) : rapport entre les deux.
Formule : kW = kVA × cos φ
Le facteur de puissance dépend du type d’appareils alimentés :
- Résistifs purs (chauffages, lampes à incandescence) → PF ≈ 1
- Appareils à moteur (pompes, frigos, clim, outillages) → PF ≈ 0,8 à 0,9
- Équipements électroniques (ordinateurs, LED, chargeurs) → PF ≈ 0,6 à 0,9
Exemple concret :
Un moteur de 10 kW avec un PF de 0,8 demandera :
10 / 0,8 = 12,5 kVA
C’est ce surdimensionnement que doit prévoir le compteur ou le transformateur pour ne pas disjoncter.
👉 À retenir : plus le facteur de puissance est faible, plus il faut de kVA pour obtenir la même puissance utile.
kWh = kW × heures
Le kilowattheure (kWh) traduit l’énergie consommée pendant une durée donnée.
Formule : Énergie (kWh) = Puissance (kW) × Temps (heures)
C’est la base de la facturation d’électricité :
un appareil de 2 kW allumé 3 heures consomme :
2 × 3 = 6 kWh.
Si le prix du kWh est de 0,25 €, cela représente 1,50 €.
Cette simple multiplication est ce que le compteur Linky fait en continu pour comptabiliser votre consommation.
Puissance apparente S = U × I
Le lien entre tension (Volt) et intensité (Ampère) se traduit par la puissance apparente (S) :
Formule : S = U × I
Pour un réseau monophasé, on a :
kVA = (U × I) / 1000
Pour un réseau triphasé :
kVA = (√3 × U × I) / 1000
Ainsi, un appareil triphasé de 10 A sous 400 V appelle :
√3 × 400 × 10 / 1000 = 6,9 kVA
Monophasé ou triphasé : quelle différence ?
Les installations domestiques standard utilisent le monophasé (230 V).
Le triphasé (400 V) est réservé aux besoins plus importants : pompes, ateliers, chauffage collectif, etc.
Le courant est réparti sur 3 phases, ce qui réduit l’intensité par phase et permet d’alimenter des appareils plus puissants sans surcharger le réseau.
Pourquoi le facteur de puissance (PF) compte autant
Le PF a une conséquence directe sur :
- la taille du compteur nécessaire (kVA souscrits) ;
- la qualité du réseau (courant plus fort quand PF faible) ;
- et même sur la facturation dans le monde professionnel (pénalités si PF < 0,9 pour les grands consommateurs).
Le compteur Linky affiche d’ailleurs la puissance apparente instantanée (en kVA) et déclenche la coupure si la puissance appelée dépasse celle du contrat, quel que soit le PF.
Conversions pas à pas (avec exemples)
Les formules, c’est bien. Mais pour être vraiment utiles, elles doivent se traduire en chiffres concrets.
Voici comment convertir simplement les principales unités électriques selon les cas les plus courants.
Conversion kVA ↔ kW : la plus fréquente
C’est la conversion la plus recherchée, notamment pour dimensionner une installation ou interpréter la puissance d’un compteur Linky.
Formule : kW = kVA × PF
Exemples concrets :
- 6 kVA à PF = 1 → 6 kW
- 6 kVA à PF = 0,8 → 4,8 kW
- 9 kVA à PF = 0,8 → 7,2 kW
- 12 kVA à PF = 0,8 → 9,6 kW
Le facteur de puissance (PF = 0,8) est la valeur moyenne retenue par la plupart des électriciens pour un usage domestique mixte (résistif + moteur).
👉 À retenir : un compteur 9 kVA délivre au mieux 9 kW utiles si le facteur de puissance est de 1, mais seulement 7,2 kW si votre PF moyen est de 0,8.
Conversion kVA ↔ Ampères (A)
C’est une conversion essentielle pour vérifier si le calibre de disjoncteur ou les câbles supportent l’intensité nécessaire.
Pour un réseau monophasé (230 V)
I (A) = (kVA × 1000) / U
→ I = (kVA × 1000) / 230
Pour un réseau triphasé (400 V)
I (A) = (kVA × 1000) / (√3 × U)
→ I = (kVA × 1000) / (1,732 × 400)
👉 Exemple :
Un compteur 9 kVA triphasé fournit environ 13 A par phase. Si une seule phase supporte la majorité des appareils (déséquilibre), le disjoncteur peut sauter alors même que les deux autres phases sont sous-utilisées.
Conversion kVA ↔ kWh : une fausse bonne idée
Beaucoup cherchent à convertir directement les kVA (puissance) en kWh (énergie).
Mais ce n’est pas possible sans connaître deux paramètres essentiels :
- le facteur de puissance (PF) ;
- et la durée d’utilisation.
La bonne approche est donc :
kWh = kVA × PF × heures
Exemple :
Un appareil tirant 6 kVA (PF = 0,8) pendant 3 heures consomme :
6 × 0,8 × 3 = 14,4 kWh
👉 Sans ces deux données, la conversion n’a aucune signification physique.
C’est un des pièges les plus fréquents sur Internet.
Conversion Volt ↔ Ampère ↔ kVA : la formule universelle
Pour relier la tension (V), le courant (A) et la puissance apparente (kVA), on retient :
- Dans un réseau monophasé, la puissance apparente se calcule à partir de la tension et de l’intensité selon la formule :
kVA = (V × A) / 1 000
Concrètement, si un appareil fonctionne sous 230 volts et consomme 16 ampères, on obtient :
230 × 16 / 1 000 = 3,68 kVA
Autrement dit, cet appareil appelle une puissance apparente de 3,68 kilovoltampères.
- Dans un réseau triphasé, la formule est légèrement différente car le courant circule sur trois phases :
kVA = (√3 × V × A) / 1 000
Par exemple, pour une tension de 400 volts et une intensité de 13 ampères par phase, le calcul devient :
1,732 × 400 × 13 / 1 000 = 9 kVA
Cela signifie qu’un appareil triphasé consommant 13 ampères par phase demande une puissance apparente totale de 9 kVA.
Ces repères permettent d’estimer rapidement la puissance apparente d’un équipement ou d’un groupe de circuits.
Comment utiliser ces conversions au quotidien
- Pour choisir votre abonnement électrique : comparez la puissance appelée totale (en kVA) à la puissance souscrite sur le compteur.
Si vos appareils dépassent souvent la limite, vous aurez des coupures (“Puiss. dépassée” sur Linky). - Pour dimensionner une installation : calculez l’intensité maximale (A) sur chaque circuit pour ajuster la section des câbles.
- Pour interpréter vos factures ou devis techniques : un électricien ou un fournisseur d’énergie parle souvent en kVA, alors que votre facture indique des kWh.
Bien dimensionner sa puissance de compteur
Savoir convertir les unités, c’est une chose. Mais dans la pratique, l’enjeu principal pour les particuliers comme pour les professionnels, c’est de choisir la bonne puissance de compteur.
Une puissance trop faible provoque des coupures fréquentes, tandis qu’une puissance trop élevée augmente inutilement le coût de l’abonnement.
6, 9 ou 12 kVA : que signifient vraiment ces puissances ?
En France, les puissances disponibles pour les compteurs monophasés sont généralement :
- 3 kVA : très petits logements ou résidences secondaires peu équipées.
- 6 kVA : la majorité des foyers standards (appareils électroménagers courants).
- 9 kVA : maisons avec chauffage électrique, ou petits ateliers.
- 12 kVA et plus : habitat spacieux, pompe à chaleur, piscine, atelier, ou petite entreprise.
Au-delà de 12 kVA, on passe souvent en triphasé, avec des paliers de 18, 24, 30 ou 36 kVA.
Ces valeurs correspondent à la puissance apparente maximale que le compteur peut fournir sans disjoncter.
Exemple concret :
Un foyer souscrit 6 kVA en monophasé. Si plusieurs appareils puissants fonctionnent en même temps (four, lave-linge, chauffage), la puissance appelée peut dépasser 6 kVA → le compteur Linky coupera automatiquement l’alimentation.
Comment est calculée la puissance nécessaire ?
Pour bien dimensionner, on additionne les puissances des appareils susceptibles de fonctionner en même temps, tout en appliquant un coefficient de simultanéité (on n’utilise pas tout à la fois).
Étapes pratiques :
- Listez les principaux appareils électriques et leur puissance (indiquée en W ou kW).
- Additionnez les puissances utilisées simultanément.
- Divisez le total par 1 000 pour obtenir les kW.
- Divisez ensuite par le facteur de puissance (≈0,8) pour obtenir la puissance apparente en kVA.
- Choisissez le palier immédiatement supérieur.
Exemple :
- Chauffe-eau : 2 kW
- Four : 2,5 kW
- Lave-linge : 1,5 kW
- Appareils divers simultanés : 1 kW
→ Total = 7 kW actifs → 7 / 0,8 = 8,75 kVA → abonnement 9 kVA conseillé.
Les risques d’un mauvais dimensionnement
- Sous-dimensionnement : coupures fréquentes (“Puiss. dépassée”), usure du matériel, inconfort au quotidien.
- Surdimensionnement : coût d’abonnement plus élevé (chaque palier de kVA augmente le prix fixe annuel).
- Déséquilibre triphasé : en triphasé, si une phase tire trop, le compteur disjoncte même si les autres sont sous-chargées. Une bonne répartition des charges est donc cruciale.
Le compteur Linky facilite aujourd’hui les ajustements : il est possible d’augmenter ou réduire la puissance par pas de 1 kVA, sans intervention physique, selon les règles définies par la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE).
Impact sur la facture : abonnement vs consommation
La facture d’électricité comporte deux parties distinctes :
- L’abonnement, lié à la puissance souscrite (kVA).
Plus la puissance est élevée, plus le tarif fixe annuel augmente. - La consommation, exprimée en kWh, qui dépend de vos usages.
Ainsi, augmenter la puissance de 6 à 9 kVA n’a aucun impact sur le prix du kWh, mais augmente la part fixe.
Il est donc préférable de trouver le juste équilibre entre confort et maîtrise des coûts.
Bonnes pratiques pour bien dimensionner
- Surveillez la puissance appelée via le compteur Linky (menu “puissance instantanée”).
- Testez différents niveaux de simultanéité : allumez vos gros appareils pour observer le pic.
- Anticipez les évolutions : pompe à chaleur, véhicule électrique, outils de bricolage, etc.
- Demandez conseil à un électricien en cas de passage au triphasé.
- Ajustez progressivement : Enedis permet désormais une modification à distance, rapide et sans coupure longue.
Outils pratiques
Les conversions et formules vues jusqu’ici peuvent sembler abstraites à première vue. Heureusement, il existe plusieurs outils simples et concrets pour faciliter la lecture et la gestion de la puissance électrique.
Que ce soit pour un usage domestique, professionnel ou lors d’un projet de rénovation, ces repères visuels et pratiques vous feront gagner du temps.
Calculatrice unifiée : de V et A vers kW, kVA ou kWh
Une calculatrice de conversion est l’outil le plus pratique pour obtenir les bonnes valeurs sans se tromper.
Fonctionnement type :
- Vous saisissez la tension (V), l’intensité (A), le facteur de puissance (PF) et la durée (heures).
- Le calculateur affiche :
- la puissance apparente (kVA) ;
- la puissance active (kW) ;
- l’énergie consommée (kWh).
Exemple :
Vous mesurez 230 V et 16 A sur un appareil domestique à PF = 0,9 :
- kVA = (230 × 16) / 1 000 = 3,68 kVA
- kW = 3,68 × 0,9 = 3,31 kW
- kWh (en 2 heures) = 3,31 × 2 = 6,62 kWh
👉 Ce type d’outil est utile pour comparer les consommations réelles et mieux comprendre les données affichées par le compteur Linky.
Astuce : utiliser le compteur Linky comme outil de diagnostic
Le compteur Linky fournit de précieuses informations en temps réel :
- Puissance apparente instantanée (en kVA) : la puissance totale appelée à l’instant T.
- Puissance maximale atteinte : la valeur la plus élevée enregistrée sur la période.
- Puissance souscrite : le seuil contractuel avant disjonction.
➡️ Ces données permettent de repérer les pics de consommation et d’ajuster la puissance souscrite sans recourir à un électricien.
À imprimer ou garder sous la main
Créez une fiche mémo regroupant :
- les formules principales (kW = kVA × PF, kWh = kW × h) ;
- les valeurs repères pour 230 V et 400 V ;
- les intensités maximales pour 6, 9, 12 kVA ;
- la courbe de simultanéité de vos équipements (quels appareils fonctionnent ensemble).
Ce type de support visuel est particulièrement utile lors de rénovations, de déménagements ou d’un changement d’abonnement.