2025 marque une année charnière pour l’électricité en France : c’est la dernière année d’existence du dispositif ARENH (Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique). Depuis plus d’une décennie, ce mécanisme a permis aux fournisseurs alternatifs d’acheter une partie de l’électricité nucléaire d’EDF à prix régulé (42 €/MWh), dans la limite d’un plafond annuel.
Mais derrière cet accès avantageux se cache un mot qui fait grincer les dents des fournisseurs et, indirectement, des consommateurs : l’écrêtement. En 2025, il atteint un niveau particulièrement élevé, ce qui alourdit les factures et renforce la dépendance au marché de gros.
Alors, qu’est-ce que l’ARENH ? Pourquoi l’écrêtement est-il si important en 2025 ? Quels impacts pour les particuliers et les entreprises ? Et surtout, à quoi faut-il s’attendre après la fin de ce dispositif ? Décryptage.
Qu’est-ce que l’ARENH ? Mécanisme d’accès régulé à l’électricité nucléaire historique
Créé en 2011 par la loi NOME, l’ARENH permet aux fournisseurs alternatifs d’acheter jusqu’à 100 TWh par an d’électricité nucléaire auprès d’EDF, à un prix fixe de 42 €/MWh. L’objectif initial était double :
- favoriser la concurrence en donnant aux fournisseurs alternatifs un accès à l’électricité à un prix compétitif,
- protéger les consommateurs contre les fluctuations des marchés de gros, notamment en cas de flambée des prix.
En pratique, l’ARENH a joué un rôle d’amortisseur, surtout lors des crises énergétiques récentes.
Pourquoi l’ARENH attire autant lors des hausses de prix sur le marché ?
Lorsque les prix de marché dépassent largement 42 €/MWh, l’ARENH devient une véritable aubaine. En 2022 et 2023, par exemple, les prix de gros ont parfois dépassé 200 €/MWh. Dans ces conditions, les fournisseurs alternatifs se ruent sur le guichet ARENH pour sécuriser un volume d’électricité bien moins cher.
Mais ce succès a un revers : la demande dépasse systématiquement le plafond de 100 TWh, et c’est là qu’intervient l’écrêtement.
Qu’est-ce que l’écrêtement ARENH ? Définition et fonctionnement
L’écrêtement ARENH désigne la réduction proportionnelle des volumes attribués aux fournisseurs lorsque la demande totale dépasse le plafond annuel fixé à 100 TWh.
Prenons un exemple concret :
- Si l’ensemble des fournisseurs demandent 134 TWh, la CRE applique un taux d’attribution en divisant le plafond par la demande (100 ÷ 134 ≈ 74 %).
- Chaque fournisseur ne reçoit donc que 74 % de sa demande initiale.
- Le reste non couvert doit être acheté sur les marchés de gros, souvent beaucoup plus chers.
En 2025, ce mécanisme est particulièrement visible, car la demande atteint 134,93 TWh, entraînant un taux d’écrêtement de 25,88 %, le plus élevé depuis plusieurs années.
Comment se calcule l’écrêtement ARENH ?
Répartition proportionnelle entre les fournisseurs en cas de dépassement du plafond
Le calcul est simple :
- La CRE compare la demande totale des fournisseurs au plafond réglementaire (100 TWh/an).
- Elle applique ensuite un taux d’attribution = 100 ÷ Demande totale.
- Ce taux est appliqué de manière proportionnelle à tous les fournisseurs.
👉 Exemple 2025 :
- Demande totale corrigée = 134,93 TWh
- Plafond ARENH = 100 TWh
- Taux d’attribution = 74,12 %
- Taux d’écrêtement = 25,88 %
Chaque fournisseur ne reçoit donc que 74 % de ce qu’il avait demandé.
Quel est l’impact de l’écrêtement sur la facture d’électricité ?
L’électricité qui n’est pas couverte par l’ARENH doit être achetée au prix de marché, beaucoup plus élevé que 42 €/MWh. Résultat :
- Les fournisseurs alternatifs voient leurs coûts augmenter,
- Une partie de cette hausse se répercute sur les factures des entreprises et des particuliers.
Pour un consommateur final, l’écrêtement peut représenter plusieurs dizaines d’euros par MWh facturé, en fonction de son contrat et du moment où son fournisseur achète l’énergie complémentaire.
Quelle est la situation de l’écrêtement ARENH pour 2025 ?
Pourquoi l’écrêtement est particulièrement fort cette année ?
En 2025, la demande a progressé de 3,5 % par rapport à 2024, portée par la hausse des parts de marché des fournisseurs alternatifs et l’attractivité du prix ARENH. Comme le plafond est resté fixé à 100 TWh, le taux d’écrêtement a mécaniquement grimpé à 25,88 %.
Conséquences pour les consommateurs professionnels et particuliers
- Entreprises : hausse des coûts d’approvisionnement pour les fournisseurs, qui se répercute dans les prix des contrats professionnels (notamment sur les renouvellements).
- Particuliers : l’impact est indirect mais bien réel, intégré dans l’évolution des tarifs réglementés de vente (TRVE).
Analyse de la CRE : une cohérence entre demandes et contraintes de production
La CRE souligne que le plafond de 100 TWh reste cohérent avec les capacités de production nucléaire d’EDF et avec l’équilibre global du système. En d’autres termes, même si la demande est forte, le plafond vise à éviter une exposition excessive d’EDF à prix régulé.
Retour sur le taux d’écrêtement en 2024 pour mieux comprendre l’évolution
- 2024 : demande corrigée = 130,41 TWh → attribution 76,68 % → écrêtement 23,32 %.
- 2025 : demande corrigée = 134,93 TWh → attribution 74,12 % → écrêtement 25,88 %.
La tendance est claire : l’écrêtement s’aggrave d’année en année, ce qui confirme l’essoufflement du dispositif ARENH.
Comment limiter les effets de l’écrêtement ARENH en 2025 ?
Pour les consommateurs, il existe quelques leviers :
- Diversifier ses contrats d’énergie (ARENH, marché, PPA, contrats long terme).
- Anticiper les renouvellements en comparant les offres avant les pics de prix.
- Optimiser sa consommation (efficacité énergétique, flexibilité, effacement en période de prix élevé).
- Se faire accompagner par un courtier spécialisé comme DUNE Energie, capable de négocier les meilleures conditions malgré l’écrêtement.
Historique des demandes ARENH depuis sa création en 2011
Depuis son lancement, l’ARENH a toujours suscité une forte demande, mais c’est surtout à partir de la flambée des prix de 2018-2019 puis de la crise énergétique de 2021-2022 que les demandes ont systématiquement dépassé le plafond, entraînant un écrêtement quasi permanent.
Quel modèle de marché pour l’électricité après la fin de l’ARENH en 2025 ?
L’ARENH prendra fin le 31 décembre 2025. À partir de 2026, un nouveau dispositif remplacera ce mécanisme :
- Mise en place d’un plafond de prix autour de 70 €/MWh pour l’électricité nucléaire,
- Redistribution d’une partie des revenus excédentaires d’EDF aux consommateurs,
- Objectif : maintenir une forme de protection tarifaire tout en préservant l’équilibre économique d’EDF.
Pour les consommateurs, particuliers comme professionnels, la fin de l’ARENH signifie l’entrée dans un modèle de marché différent, où la volatilité des prix restera un enjeu majeur.
Conclusion
En 2025, l’écrêtement ARENH atteint un niveau record de 25,88 %, illustrant à la fois le succès et les limites de ce dispositif. Les entreprises et les particuliers subissent les conséquences via des factures plus élevées, car une part croissante de l’électricité doit être achetée au prix du marché.
Mais cette année est aussi la dernière de l’ARENH. Dès 2026, un nouveau cadre tarifaire prendra le relais, redessinant les équilibres du marché de l’électricité en France. Plus que jamais, les consommateurs devront être attentifs à la structuration de leurs contrats et à leur stratégie d’achat d’énergie.
Avec un accompagnement comme celui de DUNE Energie, il est possible de limiter l’impact de l’écrêtement, d’optimiser ses choix contractuels et d’aborder l’après-ARENH avec plus de sérénité.